Ma forêt me connaît.
Elle possède tous les médicaments dont je peux avoir besoin. Chaque plante, chaque champignon a son esprit. Je travaille avec eux depuis de longtemps.
Je me laisse guider vers ce qui m’appelle, et il se trouve qu’à chaque fois, c’est ce dont j’ai le plus besoin à ce moment.
Les derniers en date ont été les polypores. Cette famille de champignons saprophytes qui se nourrissent du bois mort, qui les décomposent.
Cette rencontre a complètement changé ma vie, ma chimie. Peut être que symboliquement, les saprophytes s’occupent aussi de nettoyer et décomposer tout ce qui est mort en nous. Au delà de leur effet antioxydant, anti-inflammatoire et boosteur de système immunitaire, ils m’ont beaucoup aidée à « lâcher l’ancien ». A traverser cette difficile transition de rupture avec le père de mes enfants. C’était mort entre nous depuis quelque temps, mais ça nous a pris du temps de vraiment clore le tome.
Je me souviens de ma rencontre avec le ganoderme luisant comme d’une rencontre surnaturelle. Je venais de repérer les lieux de mon futur logement, où j’avais rendez-vous le lendemain, mais trop curieuse de voir l’environnement du chalet, j’étais venue y fureter la veille. Mes pas m’ont guidée dans la forêt toute proche, et au bord d’un chemin il se dressait devant moi, sortant d’une souche, à ma hauteur.
Je n’avais jamais vu de ganoderme, pourtant je connaissais bien cette forêt. Ganoderme veut dire « peau brillante » car son stipe (pied) est complètement laqué, d’un brun rouge profond, son chapeau l’est aussi sur le dessus. C’est une sculpture naturelle saisissante. Je ne le savais pas encore ce jour là, mais chaque spécimen a son caractère, sa forme, sa couleur. En faisant des recherches j’ai découvert qu’il était utilisé en médecine chinoise depuis 3000 ans, que c’est pour eux la panacée, qu’il renferme plus de 400 nutriments, et qu’il est appelé « le champignon de l’immortalité ». La variété sauvage qui venait de me trouver était Ganoderma Carnosum ( charnu).
Les polypores sont bien trop coriaces pour être mangés. Mais il peuvent être coupés et pris en tisanes ou décoctions. J’ai commencé à en prendre quotidiennement, et mon énergie s’est rapidement transformée.
D’abord, je n’ai plus eu envie de sucres.
Parce que le ganoderme apporte des polysaccharides complexes, de longues chaînes de sucres stockées dans l’organisme, l’appétit du sucre avait disparu. En conséquence, j’ai fondu de plusieurs kilos très rapidement. J’ai retrouvé ma forme « naturelle », qui avait été alourdie par le stress d’une vie de couple tendue.
Par ailleurs, c’est un concentré de bêta-glucanes, d’autres polysaccarides qui enclenchent une réaction rapide de la part du macrophage, l’armée qui défend le corps des attaques des agents pathogènes. Là aussi, je l’ai vécu en livrant bataille de manière 10 fois plus efficaces contre les miasmes et virus.
Le ganoderme est « adaptogène », il apporte une meilleure résistance au stress.
En effet, j’étais plus calme, comme recentrée, je résistais mieux aux miasmes rapportés de l’école par mes enfants, qui étaient avec moi toute la semaine, et pour couronner le tout je dormais mieux.
J’avais également un genou qui me faisait souffrir d’une vieille entorse mal soignée, et les douleurs ont complètement disparu.
Enfin, j’avais des migraines de fin de cycle qui elles aussi ont été balayées. Ma mère, qui avait du cholesterol, en a aussi pris chaque jour et au bout de quelques mois, il n’y avait plus rien à la prise de sang.
Je me sentais allégée, rajeunie, régénérée.
Face à tous ces bienfaits, j’ai décidé de faire des conférences sur le sujet. Les polypores sont une famille mal connue dans le règne fongique et pourtant ils peuvent jouer un grand rôle sur la santé.
Mes explorations ne se sont pas arrêtées là, je les étudie et les teste toujours aujourd’hui.
Je cultive dans mon salon la variété classique de ganoderme luisant ( Ganoderma lucidum), car les polypores sont très faciles à faire pousser. Ce ne sont pas des mycorhizes qui vivent en symbiose avec d’autres plantes. Les polypores mangent de la sciure, des copeaux, des pellets. Ça fonctionne très bien dans un sac humide et fermé.
Il y a tant de choses à découvrir sur cette famille.
Une autre de leur particularité est qu’ils ne sont pas toxiques. ( A part une variété, rare et peu engageante)
Je peux dire aujourd’hui après mille anecdotes avec lui, que le Ganoderme est devenu mon « champignon totem ». Il me soutient, me nettoie, me nourrit, il est aussi devenu une matière première à mes sculptures. A chaque occasion, je me fais goûter, découvrir. J’anime des conférences suivies de dégustation.
Sans lui, je n’aurai pas rouvert ma passion pour le règne fongique. Car en partant de lui, j’en ai découvert bien d’autres, tous des polypores sauvages, issues de ma forêt originelle.